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PASA : Sortir de l’économie informelle et s’installer en qualité de prestataire de services pour la palmeraie

Groupe ayant participé à la formation de grimpeur palmier dans le cadre du pasa

PASA : Sortir de l’économie informelle et s’installer en qualité de prestataire de services pour la palmeraie

Le CARI a mené de 2021 à 2022 une action de formation au métier de phœniciculteur-grimpeur dans le cadre du Programme d’Appui au Secteur de l’Agriculture en Algérie (PASA),« les femmes et les jeunes, créateurs de valeur dans les filières », avec le soutien du GIZ et de l’Union Européenne.

22 stagiaires originaires de la région de Biskra ont terminé leur cycle de formation en alternance et ont obtenu leur Certificat de Qualification Professionnelle au métier de phœniciculteur-grimpeur. Cette formation conçue et organisée par le CARI a été mise en œuvre en collaboration avec le CFVA de Touggourt. La mission du CARI ne s’est pas terminée pour autant. Par la suite, les phœniciculteurs-grimpeurs ont été accompagnés pendant plus de 6 mois dans un parcours de création d’entreprises de prestation de services pour la palmeraie. Une dotation minimale en matériel de travail du palmier a été prévue pour chaque stagiaire, afin qu’il démarre son activité.

Les 22 bénéficiaires ont été dotés d’un équipement de base composé d’un harnais de sécurité et de perches télescopiques pour réaliser certains travaux culturaux à partir du sol sans avoir à grimper jusqu’à la couronne du palmier. Par la suite ils

Dans cette action, le CARI développe une action holistique consistant à former des jeunes, les équiper et les installer dans leur activité.

Entretien avec deux phœniciculteurs grimpeurs

Anouar et Yacine, parmi les premiers à avoir créé leur entreprise, reviennent sur leur expérience et révèlent des visions différentes sur l’avenir.  

Anouar BENAISSA de l’Oasis d’El Hadjeb (Biskra)

Peux-tu te présenter ? « J’ai 21 ans, et j’aime travailler dans la palmeraie, j’ai été sans doute inspiré par mon grand-père, agriculteur cultivant environ 150 palmiers à El Hadjeb. J’ai été initié très tôt, à 6 ans je l’accompagnai au jardin pour donner un coup de main. Mais ce n’est pas uniquement par attachement que j’ai choisi le métier de phoeniciculteur-grimpeur, c’est aussi parce qu’il est bien rémunéré. L’offre de travail autour de chez moi est importante, je n’ai pas à me déplacer pour remplir mon agenda. »

As-tu quelques mots concernant ta formation au métier de phœniciculteur-grimpeur ? « L’Équipement de Protection individuelle est incontestablement un atout de sécurité essentiel, je suis content d’avoir appris à m’en servir et l’utilise régulièrement. À l’usage je constate qu’il y a deux points d’amélioration : le temps de mise et d’ajustement est un peu long, la ceinture fait un peu mal au niveau des reins, lorsque je reste incliné trop longtemps vers l’arrière. J’ai également appris beaucoup sur les ravageurs du palmier que je côtoyais sans vraiment les connaître. D’ailleurs je compte développer une prestation lutte contre Boufaroi qui devient préoccupant chez nous. J’ai trouvé l’organisation pédagogique en petits groupes efficace et bien adaptée à nos conditions. »

Quelles sont les démarches à faire pour créer ton entreprise ? « J’ai obtenu le crédit ANGEM et ma carte d’artisan jardinier. Mais ceci a demandé beaucoup d’aller-retour, j’ai failli abandonner. J’estime avoir consacré 28 jours aux démarches depuis que j’ai commencé le parcours en aout dernier, 28 jours durant lesquels je n’ai pas travaillé ou très peu travaillé. Et ce n’est pas fini ! L’accord de financement par l’ANGEM a été validé le 7 septembre, nous somme le 20 novembre, le crédit n’est toujours pas débloqué. Je dois encore obtenir un numéro de l’Office National des Statistiques. Je vais être obligé de me déplacer jusqu’à Constantine pour obtenir ce numéro rapidement sinon je ne l’aurai pas avant un mois par la voie administrative.  Entre-temps les devis que j’ai obtenus il y a presque 5 mois sont probablement dépassés… Je m’attends à des difficultés avec la banque, car les factures risquent de ne pas correspondre exactement aux lignes de crédit. »

Quel est ton projet ? « J’avais déjà pensé à la création d’une entité économique mais avec beaucoup hésitation ; cette formation m’a décidé. Je souhaite vraiment faire carrière dans la prestation de services pour les phœniciculteurs. Deux amis se sont déjà joints à moi pour m’accompagner dans un projet d’agrandissement de mon entreprise. Le travail en hauteur m’occupe environ 6 mois par an (1 mois et demi pour la pollinisation, 2 mois et demi pour la fixation des régimes, éclaircissage et l’ensachage, 2 mois et demi pour la récolte). Je fais aussi un peu de tri / conditionnement de datte mais rarement les travaux d’entretien du palmier au sol. Mon travail me permet d’acheter facilement des palmes sèches que je pourrai valoriser ainsi que de jeunes djebbars que je pourrai mettre à grossir dans la ferme familiale avant de les revendre.  Je m’équiperai progressivement pour réaliser les travaux du sol ; c’est le terrain qui déterminera le rythme et la direction que prendra le développement de mon entreprise, mais c’est certain : je ne resterai pas au niveau actuel.  »   

KOUIDRI Yacine de l’Oasis de Foughala (Biskra)

Peux-tu te présenter ? « J’ai 23 ans, je suis né dans la palmeraie, j’y ai grandi et appris le métier très jeune dans une ferme familiale d’environ 140 palmiers. J’ai profité des aptitudes acquises pendant l’enfance pour effectuer les travaux en hauteur chez les producteurs de dattes. Le principal intérêt de ce travail est l’argent, il est très bien payé. La demande en grimpeurs de palmiers est telle que je n’ai pas besoin de me déplacer de plus de 3-4 km autour de cher moi pour travailler. Je loue mes services environ 5 mois par an pour les travaux en hauteur. Je ne prends pas de travaux de nettoyage de palmes sèches et de coupe des Kornafs, car cette activité demande beaucoup d’efforts physiques. Je ne prends pas, non plus de travaux au sol, je ne les réalise que dans notre propre palmeraie.  » 

As-tu quelques mots concernant ta formation au métier de phœniciculteur-grimpeur ? « De façon générale le programme de formation a favorisé la pratique sur la théorie, ça me correspond bien. Je craignais un peu qu’on déverse sur nous des quantités de savoirs théoriques dont je ne saurai que faire. J’apprécie le harnais de sécurité et l’utilise comme on me l’a appris. À l’usage, je pense que le confort de la ceinture mérite d’être amélioré. On a le bas du dos qui fait mal au bout de quelques heures de travail (en particulier pendant l’ensachage). Il est vrai que le Torse qui m’a été fourni pourrait me soulager mais son utilisation ralentit la cadence de travail ; lorsqu’on est pressé par le temps on a tendance à le négliger. Bien que convaincu de l’efficacité de la pollinisation à l’aide de perches télescopique, je n’utilise pas cet équipement pour l’instant. Dans ma région les producteurs de dattes n’ont pas confiance en cette nouvelle technique, car ils n’ont jamais vu ses résultats ; ils nous commandent donc d’utiliser la méthode traditionnelle. » 

Quelles sont les démarches à faire pour créer ton entreprise ? « Je n’ai pas sollicité de crédit ANGEM et préfère m’autofinancer. Les tracas administratifs sont dissuasifs. Je n’ai eu aucune difficulté à immatriculer au Registre des Métiers à la Chambre d’Agriculture de Biskra. J’ai été bien accueilli et obtenu ma carte rapidement. Il me reste juste à m’immatriculer à la Sécurité Sociale. » 

Quel est ton projet ? « Pour moi le métier de phœniciculteur-grimpeur n’est qu’un épisode passager. Même si je gagne bien ma vie, ce travail est physiquement très pénible, et ce n’est pas le plus rémunérateur. J’ai créé mon entreprise de phœniciculteur-grimpeur pour mettre un maximum d’argent de côté que j’investirai dans 5 ans dans le commerce de la datte. Dans notre région c’est le commerce qui enrichit et non le travail manuel. Il y a autour de moi des exemples de fortunes édifiées  en un temps record grâce au commerce de la datte. Dans 5 ans je fermerai mon entreprise actuelle pour m’immatriculer au Registre de Commerce. J’aurai suffisamment d’argent pour investir dans un moyen de transport et une chambre froide. J’achèterai les dattes auprès des producteurs, je les stockerai au froid pour les revendre quand le prix est au plus haut. » 

Propos recueillis par Nordine Boulahouat et Feyrouz Behlouli.

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