Ce document présente les résultats et apprentissages tirés par le CARI et ses partenaires de la société civile, de la mise en œuvre des projet FLEUVE et Réduire les écarts dans la Grande Muraille Verte, concernant l’accompagnement des collectivités territoriales à la gestion durable des terres.
Le phénomène de désertification désigne la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et subhumides sèches en raison de divers facteurs, parmi lesquels les variations climatiques et les activités humaines. La dégradation des terres a un impact direct sur la sécurité alimentaire et économique de la population mondiale. Ceci est d’autant plus vrai dans les pays sahéliens où la population est majoritairement rurale et tire ses moyens de subsistance de l’exploitation des terres.
Pour permettre un déploiement de la gestion durable des terres dans les territoires du Sahel, les communes sont donc la porte d’entrée de toute action. Ces acteurs, qui émergent dans le paysage du développement, doivent sortir de la posture de bénéficiaire d’actions portées par leurs partenaires. Les autorités locales doivent devenir les pilotes du développement et en particulier de la gestion des terres sur leurs territoires. Pour cela, elles doivent pouvoir être en mesure de proposer des interventions sur leurs territoires.
Dans les pays du Sahel, des réformes de décentralisation ont été mises en place depuis plusieurs décennies, consacrant le droit des collectivités territoriales à s’administrer librement, à gérer leurs affaires propres en vue de promouvoir le développement à la base et de renforcer la gouvernance locale. Le transfert progressif de compétences des États vers les collectivités territoriales a permis à ces dernières d’acquérir une autorité en matière de gestion de leurs territoires et donc de gestion des ressources naturelles. La décentralisation offre un cadre privilégié à la gouvernance locale, car elle favorise une gestion des affaires locales et une prise de décision concertée entre pouvoirs publics et populations.
Si la décentralisation est porteuse d’espoirs pour les populations et constitue un instrument privilégié de lutte contre la pauvreté, beaucoup de défis restent à relever. Dans la plupart des pays de la région sahélienne, les processus de décentralisation doivent encore être renforcés et accompagnés. En effet, le transfert de compétences n’est pas toujours accompagné de transfert de moyens financiers et humains.
Dans ce contexte, le CARI s’est engagé avec ses partenaires des réseaux ReSaD, RADDO et Drynet, pour renforcer l’action des collectivités locales sur la lutte contre la désertification, dans le cadre de la Grande Muraille Verte.
Cet engagement s’est traduit par la contribution du CARI et de ses partenaires de la société civile dans deux projets :
Dans le cadre de ce projet, le CARI et ses partenaires du ReSaD, du RADDO et de Drynet, ont proposé d’élaborer et mettre en pratique un outil pédagogique : le module de form’action des collectivités locales au montage de projets de gestion durable des terres.
Le CARI et le Réseau Sahel Désertification ont contribué à la mise en œuvre de l’axe « renforcement des capacités des acteurs des territoires » du projet, avec entre autres la réalisation d’une formation sur la planification territoriale incluant la GDT et des formations de formateurs à l’utilisation du module de form’action.
Ce document de capitalisation restitue les principaux enseignements de ces deux projets et met en avant les étapes clés pour accompagner les collectivités dans la gestion durable des terres :
Le niveau local étant reconnu comme étant le plus pertinent pour conduire des actions de développement, en particulier en ce qui concerne l’environnement, la prise en main de ces actions par les collectivités locales doit être initiée dès la phase de planification du développement du territoire.
Le module de form’action est un outil pédagogique qui permet de renforcer les collectivités locales et de les mettre en capacités de construire elles-mêmes des projets de GDT pour leur propre territoire. La form’action vise également un objectif opérationnel qui est de permettre à la commune de monter un projet de gestion durable des terres à partir d’une idée de projet issue de son plan de développement
Pour accompagner le transfert de compétences, les États mettent à disposition des collectivités territoriales des subventions annuelles : dotations d’équipement, dotations de fonctionnement, fonds transférés, etc. Ce transfert de ressource progresse à des rythmes différents selon les pays, mais il reste limité, et demande donc aux collectivités de mobiliser d’autres sources de financement pour réaliser leurs plans de développement.