Dans cet article, Enya Munting, l’assistante de recherche sud-africaine d’Avaclim, parle de la beauté, des difficultés et des leçons apprises sur l’agroécologie en Afrique du Sud pendant son séjour sur le projet.
Pouvez-vous nous parler de votre travail sur le projet ?
Mon travail consiste à contextualiser la méthodologie Avaclim pour s’assurer qu’elle est adaptée à nos conditions et nos défis locaux, à collecter toutes les données pour les deux initiatives sud-africaines et à contribuer à l’élaboration des rapports.
Quelles sont les initiatives que vous évaluez ?
La première initiative est celle de Heiveld, une coopérative qui traite et commercialise exclusivement du thé rooibos biologique et certifié commerce équitable. Le thé rooibos est fabriqué à partir d’une plante indigène et est réputé pour ses propriétés bénéfiques pour la santé. La coopérative a été créée par des membres de la communauté « de couleur » de Nieuwoudtville, qui en avaient assez d’être exploité.es en raison de leur race. Il y a vingt ans, elles et ils ont décidé de se prendre en main en créant leur propre entreprise afin de tirer un revenu équitable de leurs produits. La deuxième initiative est un système de garantie participatif (PGS) dans la région de Stanford, un système de certification biologique de seconde partie dans lequel les membres inspectent les exploitations agricoles les uns des autres pour partager leurs connaissances et évaluer si leurs exploitations doivent être reconnues comme biologiques selon les normes de l’Organisation sud-africaine du secteur biologique (SAOSO) .
Quel a été le plus grand défi à relever pendant votre participation au projet ?
Pour moi, il y a eu deux grands défis :
Le premier est le COVID 19. Je n’ai pas pu organiser d’ateliers en raison d’un pic d’infections au début de mes recherches, ce qui signifie que de nombreuses personnes n’étaient pas au courant de ma présence et de mon travail, et que j’ai dû me présenter et présenter Avaclim plusieurs fois ! Je suis également certaine qu’il y a beaucoup de personnes sages et fascinantes que je ne pourrai pas rencontrer, à cause de la pandémie.
Le deuxième défi était celui de l’utilisation d’une méthodologie qui est encore en cours de développement et qui est destinée à être utilisée à de nombreuses échelles différentes et dans de nombreux pays et contextes différents. Les initiatives que j’étudie sont toutes deux relativement importantes, ce qui signifie que j’ai dû planifier mon temps avec soin et que j’ai également dû contextualiser la méthodologie à chaque fois pour m’assurer qu’elle restait pertinente.
Quelle est la chose que vous avez préférée apprendre dans le cadre de votre travail ?
J’ai été très heureuse d’apprendre les différents types d’agriculture durable qui sont inclus dans l’agroécologie – comme l’agriculture biologique, biodynamique, l’agriculture naturelle coréenne, l’agriculture régénérative et la permaculture, ainsi que toutes les combinaisons de ces méthodes ! J’ai trouvé très encourageant que les agricultrices et agriculteurs qui pratiquent l’agriculture agroécologique désirent à ce point partager leurs connaissances et continuer à apprendre comment s’améliorer ! Cela signifie que toute personne souhaitant pratiquer une agriculture durable pourra bénéficier des conseils et du soutien de ses pairs, ce qui est très important pour les nouveaux agriculteurs et les nouvelles agricultrices.
Quel est, selon vous, le statut actuel de l’agroécologie en Afrique du Sud ?
J’ai été très triste d’apprendre que tous les agriculteurs et toutes les agricultrices avec lesquel.les j’ai discuté devaient avoir un revenu alternatif pour pouvoir se permettre de pratiquer l’agriculture qu’ils et elles estiment être la plus durable. Les systèmes d’aide à l’agriculture en Afrique du Sud ne soutiennent pas efficacement les petites exploitations agricoles, alors qu’elles nourrissent globalement plus de 60 % de la population mondiale ! L’aide gouvernementale est axée sur l’agriculture conventionnelle, orientée vers le marché et l’exportation. Je trouve affligeant que les exploitations agricoles les plus durables et les plus importantes sur le plan environnemental ne soient pas soutenues, alors que les exploitations agricoles non durables et extractives sont non seulement autorisées à poursuivre leurs pratiques destructrices, mais dans certains cas, elles sont activement soutenues par le gouvernement et les investisseurs. Apprendre cela m’a poussé à travailler plus dur pour faire du bon travail, afin que le projet Avaclim puisse réussir dans sa mission de changer cela ! Ce qui m’a donné beaucoup d’espoir, c’est d’apprendre l’existence de l’Organisation sud-africaine du secteur biologique (SAOSO), de PGS South Africa et de la coopérative Management of Applied Green Initiatives and Concepts (MAGIC), qui travaillent tous activement à la création d’un système alimentaire durable et sain en Afrique du Sud et qui obtiennent le soutien nécessaire pour y parvenir.
Avez-vous une dernière leçon à partager ?
L’agroécologie a un énorme potentiel pour la nature et les humains, et j’ai pu le constater sur le terrain. Au Heiveld, j’ai appris à connaître le rooibos sauvage, qui prospère dans un fynbos, une formation végétale caractéristique du sud de l’Afrique du Sud, naturel et parfaitement sain. Cela facilite la conservation des espaces sauvages et des connaissances indigènes sur les espèces de rooibos et leur récolte. À Stanford, les fleurs sauvages sont conservées et récoltées de la même manière. Comme dans Heiveld, la coopérative Zizemeleni à Stanford (un membre de PGS) donne du pouvoir à la communauté locale défavorisée en lui permettant de cultiver et de vendre des aliments pour en tirer un revenu, avec un investissement en capital absolument minimal et une production des plus beaux produits sains à un prix très raisonnable ! Enfin, je me suis rendu compte que les consommateurs et consommatrices jouent un rôle essentiel pour faciliter la croissance et l’adoption de l’agroécologie au niveau mondial, alors faites votre part et achetez des produits locaux et durables autant que possible !