Le CARI (Centre d’actions et de réalisations internationales) a participé à la 15ème Conférence des parties (COP) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification. Cette COP s’est tenue du 9 au 20 mai 2022 à Abidjan.
La Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification est un accord international issu de la Convention de Rio de 1992, tout comme les plus connues Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques et la Convention sur la biodiversité biologique. La Convention désertification se concentre sur la lutte contre la dégradation des terres et les effets des sécheresses.
Les enjeux sont nombreux, alors que 40% des sols sont dégradés et 3,2 milliards d’humains menacés à court terme par la désertification, selon l’ONU. 650 000 personnes ont déjà perdu la vie entre 1970 et 2019 à cause des sécheresses.
La COP15 a réuni près de 7000 personnes : des dirigeants de gouvernements, du secteur privé, de la société civile et d’autres acteurs clés du monde entier. L’ambition était d’offrir des réponses concrètes aux défis interconnectés de la dégradation des terres, des changements climatiques et de la perte de biodiversité, alors que nous entrons dans la Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes. Les droits fonciers, l’égalité des sexes et l’autonomisation des jeunes figurent aussi parmi les principaux points au programme de la conférence. Plus d’une trentaine de décisions ont été prises lors de cette COP :
- l’accélération de la restauration d’un milliard d’hectares de terres dégradées (restauration à laquelle s’était déjà précédemment engagée la communauté internationale),
- le renforcement de la résilience face à la sécheresse,
- la création d’un nouveau groupe de travail intergouvernemental sur la sécheresse,
- ou encore l’amélioration de l’implication des femmes, etc.
Néanmoins, Manon Albagnac, salariée du CARI et présidente du panel des organisations de la société civile auprès de la CNULCD, ne cache pas sa déception :
« Nous espérions des décisions plus fortes. Un rapport publié par la Convention juste avant la COP était sans ambiguïté : le statut quo entrainera d’ici 2050 la dégradation de 16 millions de kilomètres carrés de terres, c’est quasiment l’équivalent de l’Amérique du Sud ! ».
Le CARI y était présent avec plusieurs de ses partenaires des zones arides : des organisations de la société civile qui promeuvent le déploiement de l’agroécologie. Le CARI travaillait depuis le début de l’année, avec ses partenaires, à l’élaboration d’un plaidoyer solide autour de l’agroécologie, afin de pouvoir le porter lors de cette COP15. Des ateliers nationaux ont eu lieu dans 14 pays, ainsi qu’une consultation en ligne et un webinaire, dont les résultats ont été analysés par des experts de l’Observatoire du Sahara et du Sahel. Les résultats ont ainsi débouché sur la production de fiches thématiques, qui détiennent chacune des arguments forts issus du terrain, qui ont pu être portés lors de cette rencontre internationale.
En outre, dans la continuité de ce processus de co-constructions d’un plaidoyer commun, le CARI organisera du 5 au 8 octobre 2022 à Montpellier le Sommet international de la société civile Désertif’actions 2022, qui aura pour objectif de réaliser une restitution des décisions prises pendant la COP, de voir dans quelle mesure les recommandations des OSC ont été prises en compte et d’établir une feuille de route à l’intention des décideurs pour la mise en œuvre de ces décisions.
En parallèle, le CARI a également organisé plusieurs événements, notamment autour du projet AVACLIM et de la Grande Muraille Verte. Le CARI a également participé à faire vivre la COP hors les murs, en proposant, aux côtés de l’IRD et de l’Institut français, une exposition de dessins de presse et une soirée de vulgarisation et d’échanges autour des sols.