Retour sur les 30 ans de la Convention des Nations Unies sur les terres à Bonn

Retour sur les 30 ans de la Convention des Nations Unies sur les terres à Bonn

La journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, est célébrée chaque année le 17 juin. En 2024, cette journée a également marqué l’anniversaire des 30 ans de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification.  

A cette occasion, le CARI a contribué aux célébrations à Bonn, en Allemagne et à Bruxelles, en Belgique.  

Participation à l’InfoPoint organisé par la présidence belge de l’Union Européenne 

La présidence belge de l’Union Européenne a célébré le 17 juin 2024 en proposant la projection d’un extrait du film « le Périmètre de Kamsé » réalisé par Olivier Zuchuat, qui montre le combat mené par les habitants du Nord du Burkina Faso pour restaurer leurs terres. 

La projection a été suivie d’une table-ronde à laquelle le CARI a contribué aux cotés de l’ONG belge Humundi, et d’acteurs institutionnels : Commission Européenne, ministère belge des affaires étrangères et Enabel. 

Au travers de cette table-ronde, le CARI a évoqué l’importance des réseaux d’acteurs pour améliorer l’efficacité de la gestion durable des terres, et a témoigné des acquis du GTD et du ReSaD, en matière de partage des connaissances et d’instauration du dialogue politique. 

Humundi, a abordé la nécessité d’inscrire les interventions pour lutter contre la désertification dans une vision plus holistique en tenant compte de l’interconnexion des enjeux liés aux terres, au climat, à la biodiversité et à la sécurité alimentaire. 

Le CARI et Humundi, ont saisi l’opportunité de cette table-ronde pour présenter la Note de Synthèse sur la Reconnaissance de l’Agroécologie dans les Conventions de Rio, qu’ils ont réalisée avec Iles de Paix et le soutien du réseau Minka International. 

L’événement a été suivi par 30 personnes dans la salle des InfoPoints et 30 personnes en ligne. L’enregistrement vidéo est disponible en ligne

Les InfoPoints sont des conférences ouvertes, organisées par la direction des partenariats internationaux de l’Union Européenne. Elles sont accessibles en présentiel à Bruxelles ou en ligne.

Pour en savoir plus : https://international-partnerships.ec.europa.eu/knowledge-hub/infopoint_en   

Organisation d’une réunion entre les OSC européennes 

Le CARI, avec l’appui d’Humundi, a proposé une rencontre d’organisations européennes de solidarité internationale, mobilisées sur la lutte contre la désertification et la promotion de l’agroécologie.  

Des représentant⸱e⸱s de l’Agroecology Coalition, Humundi, Minka International, Iles de Paix, Tree Aid ont assisté à cette rencontre, ainsi que les points focaux de la Convention Désertification pour la Belgique et l’Union Européenne.  

La réunion a permis d’envisager la mise en place d’une dynamique de concertation entre les organisations européennes autour de la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification, afin de renforcer leur dialogue avec les Parties européennes. 

Un tour de table a permis à chacun et chacune de présenter son expérience de dialogue avec les pouvoirs publics et d’implication dans la Convention. 

Dans un second temps, les participant·e·s ont conduit une réflexion collective sur les modalités que pourrait prendre cette concertation dans les prochains mois et les sujets de plaidoyer à porter lors de la prochaine conférence des Parties de la Convention (COP16 en décembre 2024). 

Le renforcement de la synergie entre les 3 Conventions de Rio (Biodiversité, Climat, Désertification) est ressorti comme un axe de plaidoyer prioritaire pour améliorer l’impact des orientations politiques prises au sein de ces arènes. Plusieurs pistes de recommandations ont été identifiées : 

  • La synergie entre les trois conventions doit être effective du terrain au niveau global. Alors qu’en 2024, se tiendront les COP des trois Conventions, à l’échelle des pays une préparation collective, de l’ensemble de ces rendez-vous serait pertinente.  
  • Les système agricoles et alimentaires pourraient être l’objet central de la synergie entre les trois Conventions, et faire dans un premier temps l’objet d’un travail collectif des trois interfaces science-politique (IPCC-GIEC, IPBES, SPI). 
  • Le Fonds Mondial pour l’Environnement (GEF) est une cible de plaidoyer à investir davantage. Ce mécanisme financier pourrait aussi contribuer davantage à la synergie entre les 3 Convention à travers le financement de projets intégrant les différentes cibles, et proposant une action plus holistique.  

Célébration de l’anniversaire de la Convention Désertification à Bonn, en Allemagne 

La République fédérale d’Allemagne a pris l’initiative d’organiser un moment de célébration des trente ans de la Convention. Le CARI, représenté par son président faisait partie des invités au Musée des Arts de Bonn pour assister à un ensemble de prises de paroles d’experts et d’expressions artistiques – notamment d’Afrique avec Inna Modja et Baaba Mal – en faveur des terres. 

Le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres a mentionné que « les trois accords multilatéraux de l’environnement sont tous trois dédiés à promouvoir le vie ce qui ne peut se faire dans sauvegarder la nature et les sols. » Dans son intervention Alain-Richard Donwahi (Président de la COP15) a posé le constat que les approches pour l’action sont encore trop sectorielles et que dans les pays rien n’est coordonné au niveau des ministères, témoignage à l’appui : « pendant que je suivais la Convention sur le climat en tant que ministre, je ne connaissais même pas la Convention de lutte contre la désertification » situation que les OSC dénoncent de longue date. Hindou Oumarou Ibrahim, au nom des peuples autochtones, a estimé qu’il « ne fallait pas demander aux populations de s’adapter aux conditions des bailleurs, mais que les bailleurs doivent s’adapter pour répondre aux besoins des populations ». Luc Gnacadja, ancien secrétaire exécutif, a renchérit en déclarant qu’il « fallait construire les stratégies d’investissement à partir de ce que les gens font sur le terrain et surtout soutenir leur courage et leur enthousiasme ». 

Enfin une représentante du Bulletin des Négociations de la Terre qui suit toutes les conventions depuis leur début, a exprimé que « l’action sur le terrain et l’action de peser dans les négociations étaient les deux faces indissociables d’une même réalité trop souvent amputée de la partie négociations en termes de soutien financier ». À cet égard, et depuis sa création, ce double engagement fait partie de l’ADN du CARI. 

En conclusion, Ibrahim Thiaw (secrétaire exécutif de la Convention) a insisté sur le fait que « nous n’avons jamais eu autant d’outils et de moyens pour changer les choses » et que « si une des Conventions est un succès, les autres seront des succès, il faut construire des passerelles » et « ne pas penser seulement financement, mais aussi investissement ». 

Si cette célébration pleine d’enthousiasme a constitué un moment fort de mobilisation, elle a manqué d’un rappel historique de la trajectoire de cette Convention depuis trente ans et d’évocation de l’action des organisations non gouvernementales, alors qu’elles sont cruciales sur le terrain comme dans les négociations et qu’elles ont souvent été déterminantes dans la progression des objectifs de la Convention, loin des podiums et des projecteurs.   

Le 17 juin, le président du CARI, Patrice Burger, est également intervenu dans l’émission « Journal Afrique » de rfi. Pour écouter l’émissions cliquez ici

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