Dans un contexte de concurrence accrue sur le marché mondial des produits agricoles, l’ambition affichée par l’Algérie depuis le début des années 2000 de développer son agriculture se trouve confrontée à des prix minimisés par les différentes formes d’aides apportées par les gouvernements des pays développés à leurs secteurs agricoles. Dès lors, le soutien de l’Algérie à son agriculture s’avère à la fois nécessaire et justifié, pourvu que cela n’entrave pas l’allocation optimale des ressources et n’entraine pas l’Algérie dans une politique de protectionnisme excessif. A travers cet article, nous analysons l’évolution du Taux Nominal de Protection (TNP) des principaux produits agricoles durant la décennie 2000. Nous exposons également les différentes formes de soutien apportées par l’Etat à chacun de ces produits. L’analyse des TNP révèle un niveau excessif des prix nationaux par rapport aux prix mondiaux de la plupart des produits agricoles. Ce constat contraste avec le niveau et la diversité des aides apportées par l’Etat au secteur agricole. Par ailleurs, la comparaison des TNP et les droits de douane appliqués sur l’importation des produits agricoles montre que la protection tarifaire à la frontière ne représente qu’une part minime de l’écart entre les prix nationaux et mondiaux. Tout cela concorde pour conclure que le niveau des prix s’explique principalement par une faible concurrence sur le marché local due à une offre largement insuffisante par rapport à une demande satisfaite quasi-exclusivement par les importations. Cela révèle également l’inefficacité des politiques menées pour l’amélioration de la compétitivité de l’agriculture algérienne en raison d’importantes lacunes d’ordre institutionnel qui caractérisent le processus de mise en place des mesures de soutien.