Retour sur les évènements du CARI à la COP16 !

Retour sur les évènements du CARI à la COP16 !

Le CARI a participé en décembre à la COP16 Riyad. Accompagné de ses partenaires GTD, RADDO et ReSaD , le CARI avait pour objectif de porter la voix de la société civile dans les négociations internationales pour une gestion durable des terres dans les zones sèches  

Pour l’occasion, plusieurs événements parallèles ont été organisés. 

Sécurisation des systèmes alimentaires en Afrique du Nord : perspectives d’appui au déploiement de l’agroécologie dans les politiques publiques

Le premier événement parallèle, organisé en collaboration avec l’Association Citoyenneté et Développement Durable (ACDD, Tunisie) a porté sur la “Sécurisation des systèmes alimentaires en Afrique du Nord : perspectives d’appui au déploiement de l’agroécologie dans les politiques publiques” 

Organisé dans le cadre du projet NATAE et du réseau MEDAE, cet événement parallèle visait à (i) apporter des éléments de cadrage et de contexte sur l’agriculture nord-africaine, et les enjeux auxquels elle fait face (ii) présenter les résultats d’une étude trans-sectorielle sur les politiques publiques en Afrique du Nord et (iii) appréhender les points de vue de différents types d’acteurs sur les perspectives de développement de l’agroécologie dans la région. 

Tout d’abord, une première intervention de Mme Ndeye Fatou MAR, directrice du département Terre & Biodiversité à l’Observatoire du Sahara et du Sahel, qui a abordé les défis majeurs auxquels sont confrontés l’agriculture et les systèmes alimentaires en Afrique du Nord, et notamment les enjeux liés à la sécheresse. Cette présentation permit également d’aborder rapidement les travaux menés par l’OSS pour répondre à ces derniers.  

Une seconde présentation réalisée par Jérôme Enjalbert, Chargé de programme au CARI, a résumé les principaux résultats et enseignements d’une analyse transversale des politiques publiques (agricoles, environnementales, commerciales, financières, sanitaires et nutritionnelles) en Afrique du Nord, réalisée dans le cadre du projet NATAE. Cette présentation a notamment mis en évidence la faible prise en compte de l’agroécologie dans les politiques nationales de la région mais est également revenu sur l’analyse de la perception qu’ont les acteurs locaux du concept d’agroécologie. 

Enfin, une table ronde animée par Patrice Burger, Président du CARI, a permis de donner la parole à un panel diversifié d’acteurs constitué de : M. Mohamed Brik (agriculteur et président de l’association El Argoub, Algérie), Abdelbacet Hamrouni (président de l’association ACDD, Tunisie), Saleck Ahmed Cherif (Directeur des études, de la programmation et de la coopération à la région de Nouakchott, Mauritanie), Mme Sandra Rullière (responsable adjointe de la division agriculture, développement rural et biodiversité à l’Agence Français de développement), Mme Ndieye Fatou Mar (directrice du département Terre & Biodiversité  à l’Observatoire du Sahara et du Sahel) 

Cet événement parallèle fut également l’occasion de faire le lien entre les politiques publiques et les expériences de terrain et de mieux comprendre les différentes rationalités de certain type d’acteurs impliqués dans la transition agroécologiques de la région. Par ailleurs, il fut également l’opportunité de revenir sur le lancement récent du réseau MEDAE, réseau multi-acteur d’agroécologie en méditerranée.  

Retrouvez le side event en vidéo (2:37:20 à 4:02:04) 

Quels rôles des collectivités territoriales pour la gestion durable des terres et la résilience des populations face aux sécheresses ?

Le second événement parallèle a questionné le rôle des collectivités territoriales pour la gestion durable des terres et la résilience des populations face aux sécheresses. Les objectifs de cette rencontre étaient à la fois de promouvoir l’action des collectivités locales dans le cadre de la gestion durable des terres mais également d’échanger sur leur place au sein de l’UNCCD

Organisé par le GTD en partenariat avec DANAYA et le CARI, cet évènement a donc permis l’intervention de 3 acteurs.  

Dans un premier temps la Métropole de Montpellier, à travers, Anne Louise Knapnougel, est intervenue pour présenter dans un premier temps comment la Métropole met en œuvre une politique de gestion durable des terres sur son territoire à travers différents types d’action aussi bien au niveau des producteurs mais aussi au niveau des consommateurs. Par la suite, l’intervention a permis également de présenter comment la Métropole intègre cette question des terres dans ses coopérations internationales que ce soit au Sénégal à travers un projet de réutilisation des eaux usées. 

Saleck Ahmed Cherif de la Région de Nouakchott a pris la suite en présentant l’action de la Région dans la gestion durable des ressources naturelles dans un contexte urbain aride et fragile aux effets du changement climatique avec un accent particulier sur les projets de développement de l’agriculture urbaine soutenus par les partenaires de la Région (UE- Coopération espagnole) ou initiés par des agriculteurs locaux.  

Enfin Mamadou Aboulaye Sow a présenté l’action d’ENDA PRONAT dans le cadre de la mise en œuvre de la « Dynamique pour une Transition Agroécologique au Sénégal » (DyTAES) qui est un réseau qui regroupe des organisations de producteurs, de consommateurs,  de femmes rurales, des ONG , institutions de recherches, réseaux de la société civile , un réseau d’élus locaux et des entreprises dans le but de promouvoir la transition agroécologique au Sénégal par le plaidoyer, la sensibilisation, le partage d’expérience et l’accompagnement des territoires en transition. Mamadou a poursuivi en présentant le développement de la DyTAES au niveau local (DyTAEL) comme par exemple à Fatick ou encore Tambacounda. 

Cette session c’est poursuivi par un échange avec la salle afin de discuter des difficultés aujourd’hui pour les collectivités de mettre en œuvre leurs actions : financement, information, formation, législation…, mais aussi pour discuter d’une meilleure prise en compte des collectivités au sein de l’UNCCD qui par exemple aujourd’hui participe aux COP en tant que société civile. Il n’y a à ce jour aucune accréditation possible pour les collectivités en tant que collectivité locale ce qui est à la fois une limite à leur action et un manque de reconnaissance de leur rôle malgré les discours. 

Anticiper, gérer et reconstruire : des stratégies pour soutenir les territoires confrontés à des crises croissantes

Le troisième et dernier événement parallèle a été organisé le lundi 5 décembre par le CARI dans le cadre du projet PASS-LCD et de la préparation de Désertif’actions 2026 pour relever des points de vue sur les potentialités et intérêts de l’agroécologie pour faire face aux crises.  

L’événement a démarré par une présentation des premiers résultats de l’étude menée par le CARI sur la contribution de l’agroécologie à la résilience des exploitations agricoles et des territoires, qui s’appuie entre autres sur les résultats de plusieurs travaux d’évaluation des effets de l’agroécologie avec des méthodes basées sur les 10 principes de l’agroécologie (FAO): 

  • L’outil TAPE développé par la FAO,  
  • La méthode développée dans le cadre du projet AVACLIM coordonné par le CARI et mis en œuvre avec ses partenaires dans 7 pays,  
  • La méthode développée par les 4 organisations membres du Groupe de Travail sur les transitions Agroécologiques (Agrisud International, AVSF, CARI, GRET).  

La présentation a notamment mis en évidence l’argumentaire montrant que l’agroécologie permet de diminuer la sensibilité des exploitations agricoles aux risques de sécheresse, ce qui constitue une composante de la résilience. 

Pour en savoir plus lisez la note de synthèse « sécheresse et agroécologie »

A la suite de la présentation introductive, une table-ronde facilitée par Patrice Burger (président du CARI) a donné la parole à des représentants de la société civile et de la recherche : 

M. Richard Ouedraogo (SPONG/ReSaD – Burkina Faso) a valorisé les actions menées par les membres du SPONG, pour aider les agriculteurs à s’adapter à des conditions d’aridité on peut citer les pratiques suivantes. Il s’agit par exemple d’introduire des cultures moins gourmandes en eau et en fertilisants (sésame, soja, patate douce à chair orange) qui permettent aux communautés d’avoir des récoltes abondantes en peu de temps. M. Richard Ouedraogo fait également le constat qu’au Burkina Faso, où tout est urgent et prioritaire (la santé, les routes…), les enjeux d’environnement et de transition sont moins investis. Néanmoins, le gouvernement du Burkina Faso est de plus en plus à l’écoute de la société civile, qui a impulsé l’adoption d’une stratégie pour la transition agroécologique.  

M. Ismael Bizo (AJEEC – Niger) témoigne du Niger qui a connu ces dernières années une situation de crise politique et sécuritaire, avec des sanctions en termes d’importation des denrées agricoles, et des conséquences directes sur l’activité agricole et l’alimentation des populations rurales et urbaines. La crise politique a aussi montré que le Niger était très dépendant des semences importées. Face aux crises les gouvernements sont pris par la nécessité d’avoir rapidement une production importante. Le réflexe premier c’est l’accès aux engrais, à davantage d’équipements (tracteurs…), mais un autre réflexe, c’est de réfléchir à des pratiques endogènes, qui peuvent être une solution. Au niveau local, les populations et les autorités locales en prennent de plus en plus conscience. Et le Niger est à un tournant concernant sa souveraineté alimentaire. Sur le terrain l’AJEEC s’active dans la promotion de l’agroécologie citoyenne. Mais on réfléchit à comment au niveau politique et au niveau local on peut embarquer les autorités dans la mise à l’échelle de l’agroécologie. Aujourd’hui, ce ne sont plus les impacts de l’agroécologie qu’on cherche à démontrer, c’est la mise à l’échelle des pratiques que l’on cherche.  

M. Jean-Daniel Cesaro (CIRAD-France) a proposé son analyse des enjeux de la gestion des crises, face auxquelles il n’y a pas que des réponses institutionnelles, les populations aussi se mobilisent. Par exemple en Syrie : la crise de 2011 a aussi poussé des populations jeunes à pratiquer l’agroécologie

M. Jean-Daniel Cesaro fait aussi valoir que pendant ou juste après une crise, les besoins sont de très court terme. Les agriculteurs expriment un besoin de plus de biomasse, d’argents ainsi que des besoins de certains intrants de substitution. Par exemple, une enquête auprès des pasteurs a montré que pendant les crises, les éleveurs ont recours à des aliments bétails importés pour maintenir leurs troupeaux. Ainsi, si l’agroécologie permet des réponses à long terme, dans l’après crise, il y a besoin d’adapter les réponses aux crises avec des ressources disponibles tout de suite qui peuvent être moins agroécologiques. Enfin, selon M. Cesaro, un concept qui n’a pas été beaucoup mis en avant lors de cette COP, c’est l’approche territoriale. Les dispositifs décentralisés sont à renforcer en vue d’anticiper et de s’adapter aux crises. Il est nécessaire au niveau des territoires de disposer de services d’extension (agronome, vétérinaire, forestier, éco-garde etc.) formés pour appuyer les agriculteurs et pasteurs avec de systèmes de vulgarisation adaptés. 

Lire le compte rendu complet de l’évènement

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